Légende de la maison des quatre filles du Forgeron


Il est une très ancienne légende qui concerne la maison où se trouvent nos studios, et d'où elle tire son nom : 
La maison des quatre sœurs, ou la maison des filles du forgeron.  
En voici le récit.

Au début du XIIIe siècle le seigneur Amelin de Fos résidait dans le château de Hyères. 
S’il ne fût un homme particulièrement réputé pour sa bonté, si ce n’est au regard de Dieu, se plaisait-il à croire et à revendiquer, il était un homme juste qui n’accablait pas ses servages et appréciait les valeurs du courage et de la fidélité. Bien des tourments seraient promis à qui essaierait de le trahir.
Fort de ce caractère rugueux, il se méfiait des seigneurs voisins et particulièrement de l’un d’entre eux. La légende en a oublié la raison mais il la considérât comme suffisamment importante pour estimer devoir accroître son armée et en améliorer l’équipement.
Il envoya des émissaires dans toute sa contrée et au-delà pour quérir les meilleurs artisans de forge. Après plusieurs lunes, on lui rapporta qu’un forgeron d’origine germanique s’était installé à une cinquantaine de lieues d’ici. Que la qualité et la beauté de ses armes, armures, boucliers et même serrures n’avaient très certainement pas d’égal dans tout le pays d’Oc.
Il le fît aussitôt quérir, et à la vue de ce que ce dernier lui présenta, il décida aussitôt de lui confier la forge du château et un logement au dessus pour lui sa femme et ses quatre jeunes filles.
Ainsi Gildric le forgeron s’afféra pendant des mois à équiper les soldats du seigneur de Fos, à forger grilles, serrures, renforts de portes, et fers pour le maréchal ferrant.
Son épouse Olympe, fille d’un ancien drapier du nord de la France, enseigna à ses quatre filles l’amour des beaux tissus, l’art délicat de la couture et de la broderie, ainsi que le jeu subtil du négoce.
Amelin de Fos appréciait particulièrement le travail bien fait ; à ce titre, il portait une affection particulière à son forgeron qu’il brocardait régulièrement avec bienveillance. Gildric était un digne exemple de la –déjà- célèbre rigueur germanique. Il était fier de l’intérêt que lui portait son seigneur et donnait toute sa peine pour faire au mieux.
Au fil des ans cette estime avait été encore renforcée par les liens qui se tissèrent entre Isabelle, femme d’Amelin, et Olympe. De couturière, elle et sa fille aînée Adélaïde, étaient devenues créatrices de modèles pour toute la bourgeoisie et les femmes des chevaliers du seigneur. Les femmes de la contrée ne rêvaient que d’arborer les créations d’Adélaïde ; robes, manteaux et étoles, mais aussi souliers et bagagerie. Les templiers juraient de ne jamais ramener leurs épouses en ces lieux de peur qu’ils n’y perdent leur bourse.
Leur deuxième fille Constance, plus sensible aux enseignements de sa mère quant au négoce, comprit très rapidement que les créations de son aînée et de sa mère pourraient séduire bien d’autres femmes dans les seigneuries voisines. Elle se mit en raison de parcourir la contrée avec Martin, le fils du tanneur, qui lui portait un amour intense mais n’osait toujours pas la demander en noce. Ils firent ainsi prospérer les affaires de la famille bien au-delà de la contrée. On dit que la beauté de leur créations parvint même jusqu’aux oreilles de la couronne de France.
Isaure, la troisième, était la plus dissipée, elle passait beaucoup de temps avec ses amies à discuter des bêtises des garçons, jouer dans les tavernes à récupérer les fonds des chopes de bière. C’était aussi une fille attentive aux démunis et n’hésitait pas à chaparder des bouts de miche de pain pour partager avec les orphelins de la rue.
Emma était la dernière fille d’Olympe et Gildric. Née sur le tard elle était considérée comme beaucoup comme une fille du diable car elle était atteinte d’un mal inconnu qui l’empêchait de s’exprimer et de se déplacer seule. L’amour qui lui était porté par ses parents et toute la fratrie leur faisait dire qu’elle était fille de Dieu, en constante méditation. La position sociale du couple et de la famille, l’estime que leur portait la famille de Fos suffisait à faire taire les mauvaises langues, même si quelques persiflages et œuillades circulaient encore de temps à autres entre les mégères du village.
Le forgeron et sa famille vécurent ainsi de belles années.
Aux alentours des années 1260, le seigneur Amelin finit par prendre les armes pour aller punir le seigneur voisin jugé trop avide envers ses terres et pourvoyeur de manigances. Le forgeron dut l’accompagner. Hélas ce dernier rendit son âme à Dieu durant la campagne sous de terribles douleurs abdominales. Le seigneur finalement victorieux, en remerciement de toutes ces années de services lui promis la protection de sa famille. Il partit aux cieux serein.
De retour dans son fief, sire Amelin tint sa promesse et offrit à la veuve et à ses filles cette maison bâtie sur quatre étages –ce qui était fort rare à cette époque- à proximité des remparts de la ville, et près de l’église. Elle était située dans le haut tôt (littéralement le « toit haut »), c’est-à-dire la partie haute de la ville.
Adélaïde s’installa au dernier étage, le plus lumineux, idéal pour pouvoir continuer à créer ses modèles. Il lui offrait une vue sur la place et au-delà sur les champs et même jusqu’à la mer.
Constance revenue de voyage prit le deuxième étage pour s’installer avec Martin, elle entreprit d’assister sa mère dans la boutique ouverte au rez-de-chaussée de l’immeuble mitoyen.
Isaure occupa le premier étage où elle fonda famille et continua à œuvrer au réconfort des pauvres.
Enfin, Olympe occupa le pied de la bâtisse avec Emma. Elle continua à s’occuper de sa fille chérie priant tant qu’elle put, à coudre et à teindre les tissus au fil de la source passant sous la maison.
Nul ne sait ce qu’il advint pas la suite les unes des autres. On dit que l’amitié entre Isabelle et Olympe perdura des années mais qu’Olympe ne survécut pas à la disparition de sa bien aimée Emma, fille de Dieu et qu’elle alla rejoindre son Gildric pour veiller au bonheur de leurs autres filles depuis les cieux.
Vous qui venez partager ces lieux, n’hésitez pas à racontez à tous cette histoire pour qu’elle perdure. Peut-être n’est-ce qu’une légende, peut-être pas, qui sait…
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